Opinion : Le budget 2024 ne contient pas les dépenses de défense nécessaires pour respecter les engagements de l’OTAN

Le budget 2024 révèle que le gouvernement libéral de Justin Trudeau envisage sérieusement d’augmenter les dépenses de défense. C’est une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est que presque tous nos alliés dépensent davantage.

Jusqu’à Le budget de mardi, les promesses libérales sur les dépenses de défense, contenaient une forte dose de spéculation. Par exemple, l’examen de la politique de défense de la semaine dernière prévoyait des dépenses sur 20 ans, ce qui est largement dénué de sens.

Les futurs gouvernements décideront combien ils souhaitent consacrer à la défense dans 10 ou 20 ans. Ce qui compte, c’est l’ici et maintenant.

Il s’avère qu’à l’heure actuelle du budget 2024, les dépenses de défense sur une base de trésorerie passeront de 33,8 milliards de dollars au cours de cet exercice (2024-2025) à 44,2 milliards de dollars l’année prochaine (2025-2026). Cela représente une augmentation de 10,4 milliards de dollars en un an. Cela comprend à la fois les engagements issus de la révision de la politique de défense et les annonces précédentes.

Les dépenses atteignent 49,5 milliards de dollars en 2029-2030, ce qui respectera l’engagement du gouvernement Trudeau de porter les dépenses de défense à 1,76 pour cent du PIB d’ici cette date.

Il y a des mises en garde. Premièrement, une partie de cette augmentation des dépenses sera engloutie par l’inflation, qui oscille actuellement autour de 3 pour cent.

Deuxièmement, le gouvernement fédéral a la mauvaise habitude de réserver des fonds pour l’achat d’équipements de défense, mais de ne pas les dépenser en raison de la lourdeur du processus d’approvisionnement du ministère. Le recrutement de nouveaux membres pour les Forces – considérez-le comme une acquisition de personnel – est également un problème chronique. Le ministère dépensera-t-il réellement l’argent qui lui est accordé ? De plus, les exercices internes de réduction des coûts pourraient réduire les augmentations budgétaires.

Troisièmement, il y aura des élections fédérales en octobre de l’année prochaine, sinon avant. Les sondages suggèrent que le chef conservateur Pierre Poilievre pourrait être celui qui prendra les décisions à long terme en matière de dépenses de défense.

Enfin, et c’est de loin le plus important, les autres alliés de l’OTAN augmentent bien plus rapidement leurs dépenses de défense. Dix-huit des 32 membres de l’OTAN tiennent désormais la promesse faite par tous les membres en 2014 de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense. D’autres atteindront cet objectif dans les prochaines années.

L’invasion gratuite de l’Ukraine par la Russie en 2022 a incité certains des membres les plus importants de l’alliance atlantique – en particulier la France et l’Allemagne – à se rapprocher rapidement de 2 %.

La belligérance chinoise et nord-coréenne incite nos alliés du Pacifique à faire de même. Les dépenses de défense du Japon atteignent des niveaux records, avec de nouvelles augmentations substantielles prévues, tandis que l’Australie s’est engagée à acquérir une flotte de sous-marins nucléaires.

Ainsi, même si le fait d’atteindre un taux de 1,8 pour cent du PIB pour la défense peut sembler impressionnant, comparé au niveau actuel de 1,33 pour cent, cela n’est rien en comparaison de ce que font d’autres.

Lorsque le ministre de la Défense, Bill Blair, a publié la nouvelle politique de défense la semaine dernière, l’ambassadeur américain au Canada, David Cohen, a décrit ces engagements comme « un acompte substantiel » sur les obligations du Canada en matière d’alliance. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, l’a qualifié de « pas dans la bonne direction ».

Les alliés du Canada continueront de considérer ce pays comme un pays à la traîne en matière de dépenses de défense. Nous ne serons tout simplement pas aussi à la traîne qu’avant.

Le budget ne propose pas d’engagements précis sur la destination exacte de l’argent, mais il met en évidence les deux priorités les plus importantes. La première priorité est le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord. Le Canada et les États-Unis se sont lancés dans une modernisation générationnelle des défenses aériennes et spatiales du NORAD.

Mais alors que le gouvernement libéral a promis de consacrer 38 milliards de dollars sur 20 ans à la modernisation, les Américains demandent ostensiblement quand le Canada va commencer à émettre des chèques. Le budget 2024 semble suggérer que l’argent du Canada au NORAD commencera bientôt à être versé.

Le deuxième engagement consiste à améliorer le groupement tactique du Canada en Lettonie au niveau d’une brigade, avec 2 200 soldats bien équipés prêts à dissuader l’agression russe en Europe. La plupart des analystes de la défense conviendraient que ce sont là les bonnes priorités.

Les gouvernements fédéraux conservateurs et libéraux font des promesses excessives et ne tiennent pas leurs promesses en matière de défense depuis des années.

Mais si le gouvernement libéral actuel et ses successeurs respectent les engagements contenus dans ce budget, nous nous engagerons enfin sur la voie de la reconstruction de l’armée canadienne.

Même si, comparé à la plupart des autres, ce n’est toujours pas suffisant.

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