Éditorial du Globe : Les libéraux passent d’emprunter et dépenser à taxer et dépenser

Ouvrez cette photo dans la galerie :

Le premier ministre Justin Trudeau, la ministre des Finances Chrystia Freeland et les ministres du Cabinet prennent la parole avant le dépôt du budget fédéral sur la Colline du Parlement à Ottawa, le 16 avril.Justin Tang/La Presse Canadienne

Depuis près d’une décennie, les libéraux ont été un gouvernement qui emprunte et dépense, allant jusqu’à prêcher la vertu absolue du financement par emprunt.

Mais le parti de l’emprunt et de la dépense n’existe plus, le gouvernement affirmant dans le budget 2024 qu’« il serait irresponsable et injuste de répercuter davantage de dette sur les générations suivantes ».

Malheureusement pour les Canadiens, le résultat de cette réflexion n’est pas une mesure visant à restreindre les dépenses fédérales afin de limiter la hausse de la dette.

Au lieu de cela, la frénésie de dépenses d’Ottawa se poursuivra – mais sera désormais financée par de lourdes nouvelles taxes, totalisant 21,9 milliards de dollars sur cinq ans.

Les libéraux qui empruntent et dépensent ont été remplacés par les libéraux qui imposent et dépensent.

D’une manière très limitée, c’est une bonne nouvelle : les libéraux atteindront les objectifs financiers promis par la ministre des Finances Chrystia Freeland l’année dernière dans l’Énoncé économique de l’automne. Les augmentations d’impôts compenseront en partie l’impact inflationniste de la hausse des dépenses fédérales. Malgré cela, les frais de la dette devraient atteindre 64,3 milliards de dollars d’ici l’exercice 2029, contre 35 milliards de dollars pour l’exercice 2023, à mesure que les perspectives concernant les taux d’intérêt s’améliorent. Cette tendance souligne les dangers budgétaires qui nous guettent plus tard cette décennie.

De manière plus générale, le Canada est confronté à une crise de productivité (même si elle ne fait pas partie des nombreuses crises énumérées dans le budget) qui menace d’éroder le niveau de vie du pays et d’anéantir les espoirs d’un avenir plus prospère. En toute honnêteté, le budget tire la sonnette d’alarme sur le problème de prospérité du Canada : « Pour l’avenir, nous avons un besoin urgent d’augmenter la productivité pour faire croître l’économie canadienne. »

Les libéraux tentent ensuite d’ignorer ces préoccupations. La récente baisse du PIB par habitant ? Il s’agit d’un phénomène temporaire, provoqué par une poussée de l’immigration, qui s’estompera à mesure que les nouveaux arrivants s’intégreront dans l’économie canadienne, selon le budget. Une thèse intéressante – et au moins en partie en contradiction avec le plan du gouvernement visant à accroître l’immigration permanente au cours de cette décennie.

Reconnaître l’ampleur du problème nécessiterait de faire quelque chose : réduire les barrières réglementaires à l’investissement, renforcer les incitations au profit pour les investissements privés et relâcher l’emprise d’Ottawa sur l’économie.

Les libéraux vont dans la direction opposée, au nom de « l’équité ». Les dépenses de programmes devraient atteindre 16 pour cent du PIB au cours de l’exercice financier en cours, contre 15,6 pour cent l’année dernière.

Il n’y a pas de réductions d’impôt généralisées, mais plutôt une augmentation significative de l’imposition des gains en capital, en augmentant le taux d’inclusion des deux tiers, contre 50 pour cent auparavant, pour les gains supérieurs à 250 000 $. Ces impôts plus élevés ne sont que légèrement compensés par des crédits d’impôt particuliers et des incitations à l’investissement, encore une autre façon pour le gouvernement d’intervenir dans l’économie de marché.

Le programme permettant aux sociétés de bénéficier de déductions pour amortissement accéléré est toujours en voie d’être éliminé, même si un programme ciblant les dépenses en technologie de l’information est introduit. Dommage si le plan d’une entreprise pour augmenter ses bénéfices, sa productivité et ses salaires ne se concentre pas sur les ordinateurs. De même, il existe un traitement fiscal favorable pour les plus-values ​​​​des entrepreneurs – mais uniquement dans les secteurs privilégiés.

Et pourtant, le budget fédéral contient des pépites qui auraient pu constituer le point de départ d’un programme ambitieux visant à relancer l’économie canadienne.

L’allégement fiscal dans le domaine des technologies de l’information pourrait être un bon début pour stimuler une poussée d’investissement. Le gouvernement s’attaque, à bon escient, au long processus d’approbation réglementaire des grands projets. Le retour des revenus de la redevance sur les carburants aux petites entreprises, bien que attendu depuis longtemps, est préférable à un programme de subventions trop complexe.

Certains indices donnent à penser à quoi pourrait ressembler une tentative de réduction du secteur public : Ottawa vendra une grande partie de ses bureaux. La fonction publique diminuera par attrition (mais pas suffisamment pour compenser la frénésie d’embauche sous le gouvernement Trudeau). Ce qui est le plus intriguant, c’est que les libéraux ouvrent la porte aux investissements du secteur privé dans les aéroports, ce qui constituerait une réponse élégante aux appels visant à stimuler les investissements dans les fonds de pension au Canada.

Cela aurait pu être le noyau d’un budget favorable à la croissance, qui aurait été beaucoup moins préoccupé par la redistribution des revenus et bien plus préoccupé en premier lieu par la création de richesse.

L’équité est une bonne chose, mais toute l’équité du monde ne résoudra pas le problème de prospérité du Canada.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *