Opinion : À 40 ans, il est temps que la Loi canadienne sur la santé fasse peau neuve

Colleen M. Flood est doyenne de la Faculté de droit de l’Université Queen’s.

Alors que nous célébrons le 40e anniversaire de la Loi canadienne sur la santé (LCS), il est important de reconnaître son rôle central dans l’élaboration du paysage des soins de santé au Canada. Adoptée en 1984, la LCS témoigne de notre engagement envers un système où les soins nécessaires sont disponibles en fonction des besoins et non de la capacité de payer. Cependant, alors que nous commémorons cette étape importante, il est tout aussi important de reconnaître les lacunes béantes qui persistent dans la réalisation de la promesse de la loi d’un « accès raisonnable » aux soins de santé pour tous.

La CHA a indéniablement réussi à atteindre son objectif de limiter les possibilités pour les patients de se voir facturer des soins hospitaliers et médicaux médicalement nécessaires. Son succès à cet égard est lié à l’obligation imposée par la loi au gouvernement fédéral de retenir les fonds, sur une base dollar pour dollar, aux provinces autorisant une telle facturation. Ce mécanisme, ancré dans les dispositions de la loi, a efficacement (bien que parfois lentement) orienté la plupart des provinces vers la conformité, augmentant ainsi l’accès équitable aux services de santé à travers le pays.

Malgré les réalisations de la loi, des défis persistent, principalement liés à l’accès et aux temps d’attente. Comme nous le savons, à moins de vivre sous un rocher, il existe une crise de l’accès aux soins primaires, avec plus de 6,5 millions de Canadiens n’ayant pas accès à un médecin de soins primaires régulier, tandis que d’autres subissent des délais d’attente prolongés pour des traitements essentiels, y compris des soins d’urgence. se soucier. Ces dures réalités soulignent le besoin urgent de redéfinir et d’animer la notion d’« accès raisonnable », qui a été promise mais n’a pas été concrétisée par la SHC.

Mais pour moderniser la CHA, il est essentiel de ne pas prescrire des normes rigides qui seront bientôt dépassées par l’évolution des besoins, des technologies ou des attentes. En d’autres termes, vous ne voulez pas moderniser l’ACS pour ensuite constater qu’elle ne répond plus à ses objectifs dans quelques années seulement. De plus, il est important de reconnaître les défis liés à la mise en place d’un système capable de répondre aux besoins très différents des Canadiens d’un océan à l’autre.

La voie à suivre pour modifier la LCS n’est donc pas de dicter, mais de donner aux provinces le pouvoir de déterminer de manière transparente ce que signifie un accès raisonnable pour leurs résidents. Cette approche respecte les compétences provinciales tout en garantissant la réactivité aux besoins et aux ressources locales en matière de soins de santé ainsi qu’aux progrès de la technologie médicale.

Le gouvernement fédéral devrait exiger de chaque province, en échange d’une contribution fédérale, qu’elle établisse un processus public pour déterminer des critères d’accès raisonnable, y compris des paramètres d’accès en temps opportun aux soins primaires, aux procédures électives et aux salles d’urgence. Ces critères devraient être soumis à un examen et à un ajustement périodiques en fonction des données probantes émergentes et des meilleures pratiques en matière de prestation de soins de santé. Ce mécanisme pourrait aider les électeurs provinciaux à tenir les provinces responsables d’assurer un accès raisonnable aux soins de santé et, de cette manière, la LCS pourrait stimuler la croissance, l’amélioration et l’adaptation nécessaires au fil du temps à notre système de santé.

Un aspect crucial de la modernisation consiste à accroître la transparence et la responsabilité dans la prestation des soins de santé. L’introduction d’une plateforme centralisée au sein de l’ACS permettant aux médecins et aux patients d’exprimer leurs préoccupations concernant les temps d’attente et les problèmes d’accès fournirait des informations inestimables sur les défis rencontrés à l’échelle nationale. Ce référentiel de données collectif faciliterait une prise de décision éclairée, favoriserait une amélioration continue et favoriserait la confiance du public dans le système de santé.

Les critiques qui prônent l’abolition de la SHC et/ou la privatisation soutiennent, sans preuve, que la privatisation guérira tous les maux de notre système de santé. Mais même si une plus grande privatisation était autorisée, il resterait la tâche très difficile de garantir un accès raisonnable et équitable aux services et aux personnes non couvertes par le secteur privé. Cela n’arrive pas par magie. Au lieu de démanteler l’ACS, nous devrions renouveler notre engagement envers ses principes fondamentaux d’universalité et d’équité – des valeurs profondément enracinées chez les Canadiens – tout en nous adaptant à l’évolution du paysage des soins de santé.

Alors que la Loi canadienne sur la santé souffle 40 bougies, il est temps de faire plus qu’un simple voyage nostalgique dans le passé ou un sombre audit de ses échecs. Transformons cette loi – non pas parce qu’elle est responsable de tous les problèmes de santé, mais parce qu’elle mérite le crédit là où elle est due et une refonte là où elle est nécessaire. Insufflons-y un peu de vigueur, en faisant de l’accès non seulement un mot à la mode mais une réalité vécue par chaque Canadien.

Alors joyeux anniversaire, CHA. En route vers une transformation qui garantira un avenir meilleur et plus radieux à notre système de santé public. Après tout, cet acte est non seulement la clé de notre bien-être individuel, mais aussi de notre avenir économique et social collectif.

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