Opinion : Les modifications fiscales du budget sur les sociétés et les riches sont attendues depuis longtemps

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La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, arrive à une réunion du Cabinet sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le 16 avril.Sean Kilpatrick/La Presse Canadienne

William O’Connell est candidat au doctorat au département de sciences politiques de l’Université de Toronto.

Le budget 2024 comprend 52,9 milliards de dollars de nouveaux programmes de dépenses et de prêts et un engagement à ne pas augmenter le déficit. Cela signifie des augmentations d’impôt effectives, cette fois sur les 0,13 pour cent de Canadiens les plus riches et sur un petit nombre d’entreprises.

Ce sont des changements bienvenus et nécessaires. Les programmes de dépenses présentés dans le budget visent à répondre aux nombreuses crises politiques auxquelles le gouvernement est confronté. De nouveaux logements doivent être construits. De nouvelles infrastructures doivent être développées. Les systèmes de santé provinciaux sont surchargés et sous-financés. L’élargissement de l’accès aux médicaments vitaux est attendu depuis longtemps. Nos engagements envers nos alliés de l’OTAN sont plus importants que jamais. L’inflation a fait des ravages dans le portefeuille des Canadiens pauvres et de la classe moyenne.

Il ne fait aucun doute que certaines de ces crises sont le fait de ce gouvernement lui-même. Nombreux sont ceux qui craignent, à juste titre, que de telles dépenses attisent les flammes de l’inflation. Mais l’austérité ne fera qu’aggraver ces problèmes, tout comme l’ajout de milliards de dollars à la dette nationale croissante. Au lieu de cela, le gouvernement peut et doit financer ces dépenses grâce aux contributions de ceux qui en ont les moyens. Ils estiment que ces modestes augmentations généreront 21 milliards de dollars de revenus au cours des cinq prochaines années.

La part des plus-values ​​imposable va augmenter pour certains. Les Canadiens touchés par ces mesures sont ceux qui gagnent plus de 250 000 $ par année. Le gouvernement estime que cela représente environ 0,13 pour cent des Canadiens, avec un revenu moyen de 1,4 million de dollars. Ce sont les Canadiens qui ont le moins souffert de l’inflation, qui profitent le plus des prix du logement inatteignables et des loyers inabordables, qui peuvent payer et payent effectivement des soins de santé privés et qui ne dépendent pas des transports en commun pour se rendre au travail. Ce ne sont pas des privilèges accordés à la plupart des 99,87 pour cent restants. Nous avons un système fiscal progressif pour une bonne raison : garantir que ceux qui ont obtenu ou hérité de ces privilèges ne tirent pas l’échelle derrière eux.

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Cet impôt est judicieux si l’on considère que ceux qui se situent tout en haut de l’échelle génèrent près de la moitié de leurs revenus grâce à l’investissement. Ces changements garantissent que ces personnes ne paient pas un taux d’imposition effectif inférieur à celui des Canadiens de la classe moyenne dont le revenu provient principalement de leurs salaires. L’impôt s’appliquera également aux sociétés, même si seulement 12,6 pour cent des sociétés canadiennes génèrent des gains en capital. Encore une fois, ce sont généralement les entreprises les plus grandes et les plus rentables.

David Dodge – ancien gouverneur de la Banque du Canada – a déclaré dans une récente entrevue que ce budget serait probablement le « pire depuis des décennies » et que ces augmentations d’impôts « ralentiraient les investissements qui augmenteront le niveau de vie des Canadiens au fil du temps ». .» Ces points de vue sont basés sur la « théorie du ruissellement » de l’économie, qui suggère que les riches réinvestissent leurs épargnes, ce qui rapporte des dividendes à la société grâce à la création d’emplois. Une marée montante soulève tous les bateaux.

Cette vision est erronée et dangereuse. Une érosion progressive de l’assiette fiscale au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs, basée sur ces idées, se produit depuis les années 1980. Durant cette période, les citoyens de ces pays ont été confrontés à une stagnation des salaires, à des infrastructures en ruine, à une hausse du coût de la vie et à une expansion massive des inégalités de revenus. De nombreuses nouvelles richesses ont été générées, mais peu ou pas du tout ont eu des retombées.

Au lieu de redoubler d’efforts sur des idées qui ont échoué, nous avons besoin d’un gouvernement prêt à prendre des décisions difficiles. Personne n’aime les augmentations d’impôts, mais elles sont nécessaires si nous voulons que le gouvernement fournisse les services de haute qualité que les Canadiens méritent et exigent. Il est clair que les investissements privés ne permettront pas de construire les logements dont nous avons désespérément besoin. Il ne permettra pas non plus de doter nos hôpitaux en personnel, de financer nos transports en commun ou de fournir des médicaments vitaux. Au lieu de cela, c’est le gouvernement qui doit le faire, et les Canadiens les plus riches et les plus grandes entreprises devront en payer le prix.

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