Opinion : La tournée de marketing libérale rencontre le prix à payer

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La vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland et le premier ministre Justin Trudeau marchent ensemble avant de prononcer l’énoncé économique de l’automne à Ottawa, le 21 novembre 2023.Blair Gable/Reuters

Le public cible est constitué de jeunes et, à l’instar de deux influenceurs Instagram, Justin Trudeau et Chrystia Freeland leur ont offert une série de vidéos de déballage pour montrer de nouveaux produits brillants.

Un jour, il s’agissait d’une déclaration des droits des locataires, le lendemain, d’un milliard de dollars pour les cantines scolaires, puis d’un fonds d’infrastructure de 6 milliards de dollars. Il y a eu 15 milliards de dollars en prêts à la construction d’immeubles à appartements et 1 milliard de dollars en prêts pour la garde d’enfants. Et les libéraux ont également introduit une mise à jour de la politique de défense de plusieurs milliards de dollars.

Mardi, l’astuce consistera à remettre toutes ces choses dans la boîte – une boîte plus petite que vous ne le pensez.

Les semaines d’annonces prébudgétaires visaient à vous donner l’impression que les Canadiens reçoivent beaucoup de choses. Le budget de Mme Freeland doit convaincre les Canadiens que le coût sera raisonnable. La tâche consiste à faire en sorte que ces chiffres élevés aient un impact moindre sur le déficit. Mme Freeland a promis de s’en tenir aux objectifs en matière de dette et de déficit.

Bon nombre des mesures déjà annoncées ont été conçues dans cet esprit.

Les libéraux ne cessent de répéter qu’ils vont dynamiser la construction de logements, mais, pour l’essentiel, le carburant de choix reste les prêts. Les 15 milliards de dollars destinés aux prêts à la construction d’appartements sont en fin de compte beaucoup plus modestes – les économistes de la Banque Scotia l’estiment à 375 millions de dollars – parce que le gouvernement ne paie que les pertes sur prêts.

Et puis il y a des plans de dépenses qui ressemblent à des bâtons de hockey sur des graphiques, avec des montants plus petits maintenant et des sommes plus importantes dans les années à venir. Les 8 milliards de dollars de nouvelles dépenses nettes en matière de défense au cours des cinq prochaines années ne comprendront que 612 millions de dollars cette année.

Les sommes les plus importantes annoncées lors de la tournée de trois semaines des libéraux se transformeront en sommes plus modestes dans les résultats financiers de cette année.

Toutes ces choses ne seront toujours pas bon marché. Mais on s’attend à une augmentation des recettes publiques et à des impôts supplémentaires sur les sociétés.

L’enjeu politique est que les libéraux disent aux jeunes électeurs qu’ils font beaucoup de grandes choses pour eux et qu’ils disent au pays qu’ils ne se ruinent pas.

Autrefois, c’était la marque libérale : promettre les politiques du NPD sur un budget conservateur. Mais le gouvernement de M. Trudeau a davantage privilégié les dépenses que les restrictions, les dépenses liées à la pandémie et post-pandémiques faisant pencher la balance de sa politique budgétaire.

Aujourd’hui, les libéraux doivent littéralement s’adapter aux politiques du NPD, mais Mme Freeland a promis que le ratio dette/PIB serait réduit et que les déficits seraient ramenés sous 1 % du PIB d’ici 2026-2027.

C’est un problème assez délicat en soi, mais le gouvernement de M. Trudeau a un autre problème politique majeur avec les jeunes électeurs dans la vingtaine et la trentaine, qui ont abandonné le Parti libéral.

Lundi, le premier ministre a présenté le problème dans un discours à la Chambre de commerce comme une question d’équité pour les millennials dont la vie économique a été bouleversée par la crise financière il y a 15 ans et pour la génération Z, dont les débuts ont été entravés par la pandémie et qui sont désormais confrontés à des loyers, des prix de l’immobilier et des prêts hypothécaires élevés.

« Notre pays ne peut réussir que si les jeunes réussissent. De plus, notre pays ne peut réussir que si les jeunes peuvent s’imaginer réussir », a déclaré M. Trudeau. « Ils ne ressentent tout simplement pas cela pour le moment.

Les trois dernières semaines d’annonces du Premier ministre ont consisté à attirer l’attention des électeurs de moins de 40 ans pour les amener à regarder ce que fait le gouvernement. Les libéraux cherchent désespérément un moyen de joindre les gens qui semblent les avoir ignorés.

Certaines de ces mesures étaient des mesures gratuites conçues pour faire dresser l’oreille à une vingtaine ou une trentaine d’années en difficulté, comme la déclaration des droits du locataire ou les efforts visant à amener les banques à prendre en compte les paiements de loyer à temps dans l’évaluation du crédit. Mais les libéraux doivent également mettre du poids dans leurs promesses visant à atténuer la crise du logement. Et ils ne pouvaient pas négliger la mise à jour de la défense pendant encore un an.

Le moment est maintenant venu pour les libéraux de regrouper ces promesses dans un budget plus modeste. Si le passé n’est qu’un prologue, les libéraux pousseront cette boîte jusqu’au bout et espèrent pouvoir élargir la boîte l’année prochaine. Cela devient de plus en plus difficile, mais les libéraux tentent désespérément de convaincre les jeunes Canadiens qu’il leur reste quelque chose à gagner.

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